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Accord-cadre : « Le Conseil fédéral a encore beaucoup de pain sur la planche »

Le Conseil fédéral a mis un terme aux négociations sur l’accord-cadre avec l’UE. Comment Stefan Brupbacher, directeur de Swissmem, considère-t-il cette décision ? Quelles sont les conséquences pour l’industrie ? Dans l’interview il se prononce clairement : « La fin de l’accord-cadre ne résout pas les problèmes de la Suisse »

Stefan Brupbacher, que pense Swissmem de la fin de l’accord-cadre ?

Stefan Brupbacher : nous sommes déçus de la décision du Conseil fédéral. Swissmem est persuadée que l’accord-cadre aurait été la bonne voie pour stabiliser et poursuivre les relations bilatérales de la Suisse avec l’UE et qu’il aurait été possible de trouver les solutions nécessaires. L’UE est le marché le plus important pour l’industrie MEM. Ceci s’est confirmé aussi lors de la dernière reprise, au premier trimestre 2021. L’UE est le point d’amarrage pour les entreprises industrielles suisses. Le fait de savoir que l’arrêt des négociations ne résoudra aucun des problèmes existants ou futurs est particulièrement flagrant.

Que cela signifie-t-il pour l’industrie suisse ?

L’incertitude dans les relations avec l’UE persistera. Nous constatons que les relations se détériorent depuis quelque temps déjà. Ceci complique l’accès au marché et compromet les opportunités pour les entreprises suisses en Europe. Un exemple : l’UE a renoncé à mettre à jour l’accord sur les entraves techniques au commerce dans le secteur des technologies médicales. Par conséquent, la certification suisse pour ces produits n’est plus considérée comme équivalente. En d’autres termes, 1 400 entreprises suisses, dont de nombreux membres de Swissmem, n’ont plus d’accès libre au marché européen. La place industrielle suisse a perdu d’un seul coup un avantage concurrentiel important.

Quelles autres conséquences peut-on attendre ?

L’industrie MEM risque de rencontrer les mêmes problèmes dans deux à trois ans lorsqu’il s’agira de renouveler la directive machines. De plus, la Suisse ne pourra plus participer dans la même mesure au programme de recherche « Horizon Europe » de l’UE. Cela diminue l’attrait de nos universités. L’accès aux talents et à la recherche sera plus compliqué pour les entreprises domiciliées en Suisse. À moyen terme, cette érosion de la voie bilatérale risque d’entraîner une diminution de la prospérité pour l’ensemble de la population suisse.

Actuellement, il est beaucoup question d’un éventuel plan B. Qu’en pensez-vous ?

Pour l’instant, je ne vois pas de plan B. Il incombe au Conseil fédéral et aux responsables politiques de concevoir des relations fructueuses avec l’UE. La voie bilatérale a été confirmée à plusieurs reprises par le souverain. Nul doute que nous devons poursuivre cette voie. Cela signifie aussi que nous ne pouvons pas nous permettre de claquer la porte de l’UE. Pour l’instant, il s’agit de réparer les dommages causés par l’arrêt des négociations. Pour cela, la Suisse doit rentrer en dialogue avec les capitales européennes et avec Bruxelles.

Cela ne suffira pas à renforcer la compétitivité des entreprises suisses. Que faut-il de plus ?

La Suisse doit engager des réformes nationales. Il est triste de constater que, à quelques exceptions près, notre pays n’a guère réussi à améliorer de manière significative les conditions-cadres au niveau de sa politique économique au cours des deux dernières décennies. En conséquence, la Suisse perd du terrain par rapport à d’autres pays au niveau des comparaisons significatives. Nous devons maintenant en tirer les bonnes conclusions et agir rapidement. Swissmem exige que, dans un premier temps, la Suisse réduise les mesures d’accompagnement. Ceci est possible grâce à la numérisation et en améliorant la protection contre les fraudes salariales des prestataires étrangers et à des coûts moins élevés au niveau des contrôles ! De plus, il faut supprimer de façon générale toute administration coûteuse. Y compris les droits de douane sur les produits industriels - nous comptons ici sur la volonté du Conseil national lors de la session d’automne.

Dans certains domaines, nous dépendons de la coopération avec l’UE. De quoi s’agit-il concrètement ?

C’est exact, et je pense en particulier à la coopération en matière de recherche dans le cadre du programme « Horizon Europe » et au problème de la sécurité d’approvisionnement en électricité l’hiver et au risque d’instabilité de notre réseau électrique. Ces questions sont absolument essentielles pour la Suisse. Nous devons donc tout faire pour parvenir à un accord avec l’UE sur cette question. Nous devons absolument résoudre ces problèmes et non les reporter sans cesse. À cet égard, le Conseil fédéral doit assumer ses responsabilités. Le fait d’avoir arrêté les négociations sur l’accord-cadre lui confère beaucoup de travail.

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Dernière mise à jour: 08.06.2021