L’instauration d’un taux de 39% sur les importations de la Suisse vers les Etats-Unis est tombée telle un couperet. Pour de nombreuses entreprises, cette surtaxe signe indubitablement la perte de l’ensemble de leurs activités outre-Atlantique. Dans l’impossibilité de délocaliser leur production aux Etats-Unis, les PME de l’industrie technologique sont très fortement impactées et nombre d’entre elles se voient menacées dans leur existence même.
Le secteur technologique exporte 80% de ses produits et les Etats-Unis offrent à ce titre des débouchés très importants. Avec ces nouveaux droits de douane, les produits suisses vont subitement enchérir de 39% sur le marché américain et n’auront plus aucune chance face à la concurrence étatsunienne, européenne ou japonaise. Conséquence : l’avenir de dizaines de milliers d’emplois est dans la balance – non seulement dans le secteur technologique, mais aussi dans d’autres branches axées sur l’export comme l’horlogerie, la technique médicale et vraisemblablement l’industrie pharmaceutique.
Nous sommes tous concernés !
Un franc suisse sur deux provient du commerce extérieur. Si les exportations se portent mal, notre prospérité en pâtit directement. Faute de moyens disponibles, la sécurité sociale, le système de santé et la maintenance des infrastructures iront en se dégradant. Les conséquences seront aussi dramatiques sur le marché intérieur, comme dans le secteur de l’hôtellerie ou de la construction – et par suite pour vous !
Il est encore possible de trouver une meilleure solution. C’est pourquoi le Conseil fédéral doit poursuivre les négociations avec les États-Unis en gardant la tête froide.
L’heure est à la cohésion !
Depuis le 1er août 2025, le monde n’est plus le même. Ce jour « noir » pour la Suisse doit être l’occasion de libérer et de joindre nos forces : la politique, l’économie et la société tout entière doivent s’unir pour sauvegarder les exportations. Soutenez les revendications de l’industrie technologique – pour notre bien à tous.
1. Porter à 24 mois la durée maximale d’indemnisation en cas de chômage partiel
Lors de sa session d’automne 2025, le Parlement aura la possibilité d’augmenter la durée maximale d’indemnisation en cas de chômage partiel de 18 à 24 mois. Cette mesure est importante pour éviter les licenciements collectifs et une intervention en ce sens a déjà été portée devant les commissions parlementaires. Elle est soutenue par Swissmem et les partenaires sociaux. Une décision doit être adoptée d’urgence afin que l’adaptation temporaire de la loi puisse entrer immédiatement en vigueur.
2. Promouvoir l’innovation
Seuls les produits innovants permettent à de nombreuses entreprises de s’affirmer sur le marché international. Après presque trois ans de crise industrielle conjoncturelle, beaucoup n’ont plus les moyens d’innover. Et le recul des exportations induit par les droits de douane US ne fera qu’envenimer la situation. Innosuisse peut contribuer à soutenir notablement l’innovation à travers deux mesures :
- en augmentant de manière significative le financement des projets et
- en réduisant, voire en supprimant, la contribution financière des entreprises pour l’exercice 2026. Ce qui reviendrait à prolonger une mesure déjà existante.
Par ailleurs, il conviendrait que les projets soient plus souvent initiés par les entreprises et moins par les universités.
3. Ne pas augmenter les dépenses sociales – et encore moins en augmentant les charges sociales
Le Parlement examine à l’heure actuelle tout un éventail de nouvelles dépenses sociales : 10 milliards supplémentaires pour l’AVS, des moyens accrus pour les crèches et le financement d’un congé paternel ou parental. L’argent manque tout simplement. Nos entreprises et nos collaboratrices et collaborateurs s’acquittent déjà de charges sociales qui représentent 8 à 10% des charges salariales. Les propositions du Parlement augmenteraient ces frais annexes de 1,2%, coûts que les entreprises ne sont plus en mesure de supporter.
4. Adapter la loi sur le matériel de guerre conformément au projet discuté par le Conseil des Etats
Lors de sa session d’automne, le Conseil national examinera la révision de la loi fédérale sur le matériel de guerre (LFMG). Celui-ci doit confirmer les adaptations proposées par le Conseil des Etats dans leur intégralité. Non seulement les règles très restrictives s’appliquant à l’exportation de matériel de guerre poussent l’industrie de l’armement locale au bord du gouffre, mais elles mettent également en danger la sécurité de la Suisse. Les décisions du Conseil des Etats constituent des étapes décisives en matière de politique de sécurité. Si le Conseil national approuve ces amendements, ils permettront d’exporter des biens d’armement vers des Etats partenaires, de renforcer la confiance vis-à -vis de la fiabilité de la Suisse et d’assurer un fondement économique à l’industrie de l’armement. La capacité de défense de notre pays s’en trouvera également renforcée : la Suisse ne saurait maintenir son armée opérationnelle sur le long terme sans disposer de sa propre industrie. Un référendum sera lancé contre la révision de la LFMG. Aidez-nous à le faire échouer.
5. Ne pas durcir la politique climatique
La trajectoire de réduction des émissions de CO2 de 2,25% par an décidée par le Conseil fédéral se révèle tout simplement impossible à mettre en œuvre tant sur le plan technique qu’économique. Jusqu’à présent, les entreprises de l’industrie technologique ont toujours investi dans des solutions de pointe, mais elles ne sont pas en mesure de le faire chaque année. Au bout du bout, des entreprises se verront contraintes de mettre la clé sous la porte du fait de cette législation rigide, ce qui équivaudra à une désindustrialisation forcée induite par l’Etat. Le Conseil fédéral se doit de réviser cette ordonnance.
6. Ne pas compenser les émissions de CO2 – non à la reproduction des erreurs de l’UE !
Selon une étude, les mécanismes de compensation des émissions de CO2 se traduisent par une augmentation de 50% du coût des compresseurs fabriqués en Europe, et d’autres produits subissent également des hausses conséquentes. Les fabricants se trouvent de fait dans l’impossibilité d’écouler leurs produits en dehors du marché européen. Force est de constater que ce redimensionnement contraint remet en question la place économique européenne et que la politique climatique par trop ambitieuse de l’UE est en passe de détruire sa substance industrielle. Une telle absurdité doit être épargnée à la Suisse.
7. Fixer des tarifs économiquement viables pour l’électricité
De nombreuses entreprises industrielles sont tributaires d’un approvisionnement en électricité qui soit à fois sûr et durable à des tarifs économiquement supportables. Par conséquent, il est important que les coûts d’utilisation du réseau demeurent sous contrôle. Pour ce faire, trois mesures doivent être adoptées en priorité :
- La répercussion actuelle des coûts du réseau qui s’effectue selon un principe descendant (top down) ne doit pas être modifiée. Cela protège les entreprises industrielles qui exploitent d’ores et déjà des technologies modernes pour assurer l’efficience de leur production.
- L’injection de courant doit répondre à des critères économiques fondés sur le marché, quelle que soit la forme que prend la production. Si les prix sont négatifs, les producteurs (privés) d’électricité photovoltaïque et éolienne doivent également être mis à contribution lorsqu’ils alimentent le réseau. Cela les incitera à investir dans des batteries, ou à réduire volontairement la puissance délivrée.
- Afin de minimiser les coûts inhérents à la stabilisation du réseau, il est absolument crucial qu’un accord sur l’électricité soit passé avec l’UE.
8. Supprimer l’examen des investissements
Le projet de loi fédérale sur l’examen des investissements n’apporte rien, sinon plus de bureaucratie et de régulation. Nous devrions nous réjouir que des entreprises étrangères souhaitent investir en Suisse. Ce n’est pas à la politique ni à l’administration de décider qui a le droit d’acheter quoi sur le territoire suisse. Les infrastructures d’importance stratégique pertinentes d’un point de vue systémique, comme les réseaux d’eau et d’électricité ou les chemins de fer, sont de toute façon propriété de l’Etat, et donc protégées des acquisitions indésirables.
9. Conquérir de nouveaux marchés grâce à de nouveaux – ou à de meilleurs – accords de libre-échange
Depuis quelques années, le Conseil fédéral a lancé une offensive commerciale fructueuse. L’accord de libre-échange conclu avec l’Inde est un succès. Il convient maintenant de ratifier rapidement ceux conclus avec le Mercosur, la Thaïlande et la Malaisie. Par ailleurs, les accords passés avec la Chine, le Japon et le Mexique doivent être améliorés. Il est naturellement possible de lancer un référendum contre ces accords. Mais ceux qui le font doivent être conscients d’une chose : ils (ou elles) tirent délibérément et sournoisement dans le dos des 330 000 collaboratrices et collaborateurs de l’industrie technologique et des innombrables autres qui travaillent aussi dans des branches orientées vers l’exportation.
10. Protéger plus que jamais les Bilatérales III
Les nouveaux accords bilatéraux conclus avec l’UE revêtent plus que jamais une importance cruciale. L’UE est et demeure de loin le premier partenaire commercial de la Suisse. Entretenir des relations positives et stables avec nos voisins les plus proches apparaît encore plus essentiel dans le contexte actuel.
Avec les mesures de compensation qu’il prévoit, le mécanisme de règlement des différends se situe à des années-lumière des droits de douane arbitrairement imposés par le président des Etats-Unis. Il nous permet de défendre nos intérêts sur la base de règles clairement établies, les mesures de compensation ne constituant par ailleurs aucunement des mesures punitives. A l’inverse, les surtaxes américaines nous mettent à la merci d’une politique uniquement axée sur la puissance.
Dans certains cercles, les versements annuels de l’ordre de 350 millions de francs qui seront désormais dus au titre de la cohésion sont souvent assimilés à des droits de douane. Aucune comparaison avec les droits de douane américains n’est cependant possible. Ces 350 millions de francs en représentent à peine 0,25%. Ou en d’autres termes : cette somme est 156 fois inférieure à la dîme imposée par les Etats-Unis !
Les Bilatérales III ne doivent néanmoins pas affaiblir le marché du travail. Le paquet de 13 mesures dont il a été convenu avec les partenaires sociaux doit être validé sans modification par le Parlement auquel il incombe parallèlement de refuser que la protection contre le licenciement soit massivement étendue aux syndicalistes. Il en résulterait une société à deux vitesses pour le moins malsaine pour les travailleurs. Ce qui serait une erreur.