Selon lâart. 329a al. 1 CO, lâemployeur accorde au travailleur, chaque annĂ©e de service, quatre semaines de vacances au moins et cinq semaines au moins aux travailleurs jusquâĂ lâĂąge de 20 ans rĂ©volus. Par une convention collective de travail, un rĂšglement dâentreprise ou un accord personnel dans le contrat de travail, un plus grand nombre de jours de vacances peut ĂȘtre convenu.
Lâart. 329d al. 1 CO prĂ©cise par ailleurs que lâemployeur doit verser au travailleur le salaire total affĂ©rent aux vacances.
Résiliation des rapports de travail en cas de solde de vacances négatif
Si le travailleur, au cours dâune annĂ©e de service, prend plus de jours de vacances que ceux qui lui sont accordĂ©s par la loi ou le contrat, cela ne pose en gĂ©nĂ©ral pas de problĂšme, car le solde nĂ©gatif sera compensĂ© par le droit aux vacances du travailleur pour lâannĂ©e suivante. Si en revanche les rapports de travail prennent fin sans que le solde de vacances ait pu ĂȘtre compensĂ©, les consĂ©quences juridiques qui en rĂ©sultent ne sont pas claires.
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Principe de lâabsence du droit Ă la rĂ©trocession de lâemployeur
Si le travailleur a pris trop de jours de vacances Ă la fin des rapports de travail, la majoritĂ© de la doctrine et de la jurisprudence estime quâen principe lâemployeur nâa pas de droit Ă une rĂ©trocession vis-Ă -vis du travailleur, sauf en cas de travail au noir pendant les vacances selon lâart. 329d al. 3 CO, parce que le travailleur ne sâest pas enrichi en prenant trop de vacances. Il manque aussi par ailleurs dans la loi des indices motivant un droit de rĂ©trocession (JAR 2002, p. 224 ss. et KGer GR JAR 1993 p. 170).
PossibilitĂ© dâun accord Ă©crit ou tacite
MĂȘme si un droit gĂ©nĂ©ral de rĂ©trocession nâest pas prĂ©vu par la loi, lâemployeur peut convenir dâune telle rĂ©trocession au moyen dâune clause Ă©crite dans le contrat de travail. Dans un tel cas, le travailleur sâobligerait Ă rĂ©trocĂ©der les vacances prises en trop sâil quitte lâentreprise prĂ©maturĂ©ment. Une telle clause ne viole pas la nature impĂ©rative de la rĂ©glementation des vacances car il sâagit ici de vacances prises en trop. En outre, un tel accord serait aussi admissible et impĂ©ratif dans une convention collective de travail (KGer LU in JAR 2007 p. 458). Dans le cas dâune telle clause, il y a la possibilitĂ© de compenser la rĂ©trocession convenue avec le dernier droit au salaire du travailleur ou de convenir dâune retenue sur le salaire selon lâart. 323a CO.
Outre un accord Ă©crit de rĂ©trocession, il y a aussi la possibilitĂ© de convenir tacitement du droit de rĂ©trocession de lâemployeur pour des vacances prises en trop. La doctrine fait une distinction entre les cas suivants :
- Un ordre de lâemployeur est la raison des vacances prises en trop
Si lâemployeur envoie le travailleur en vacances par exemple en raison de vacances dâentreprise ou de ses propres besoins, les vacances prises en trop ne peuvent en principe pas ĂȘtre rĂ©clamĂ©es en retour. Mais si le travailleur ne sâoppose pas aux prochaines vacances dâentreprise malgrĂ© une information Ă temps et suffisante de lâemployeur (JAR 1993 p. 170 f.), on admettra une approbation tacite et lâemployeur a le droit Ă une rĂ©trocession. Mais une telle opposition ne peut en lâoccurrence pas ĂȘtre faite Ă lâavance, donc forfaitairement et avant lâannonce concrĂšte des vacances dâentreprise (KGer NW in JAR 2003).
- DĂ©sir du travailleur en tant que raison de vacances prises en trop
Si le travailleur a fait une demande pour des vacances individuelles, quâil Ă©tait conscient de les prendre Ă lâavance et que lâemployeur les a accordĂ©es, on admettra aussi dans ce cas un accord tacite sur la possibilitĂ© de rĂ©trocession (OGer LU in JAR 1994 p. 165 : rĂ©trocession admise si, en raison dâune longue maladie, une rĂ©duction du droit aux vacances se produit selon lâart. 329b CO aprĂšs que les vacances ont Ă©tĂ© prises sur demande pour toute lâannĂ©e). Il y a de plus un droit Ă la rĂ©trocession si le travailleur, en connaissance de son prochain licenciement, a pris par malveillance trop de vacances. Dans tous ces cas, le travailleur doit prendre en considĂ©ration une rĂ©duction correspondante de son dernier salaire, dans la mesure oĂč il nâa pas Ă©tĂ© licenciĂ© « prĂ©maturĂ©ment » par lâemployeur et sans raisons imputables au travailleur (OGer LU JAR 2002 224 ss. ; KGer. GR 1993 170 ; ZivGer. GL JAR 1982 141). Une rĂ©trocession est Ă©galement possible si le congĂ© a Ă©tĂ© prononcĂ© par lâemployeur, mais si les raisons de la rĂ©siliation des rapports de travail sont imputables au travailleur. (KGer NW JAR 2003 348 ss.).
Il faut enfin signaler que lâemployeur a la possibilitĂ© de faire « compenser » les vacances prises prĂ©maturĂ©ment par le travailleur pendant les vacances dâentreprise par exemple. La pĂ©riode pendant laquelle les vacances prises en trop peuvent ĂȘtre compensĂ©es par du travail supplĂ©mentaire est dĂ©finie par les rĂšgles de lâart. 24 OLT1 (la compensation des heures perdues sâopĂšre immĂ©diatement avant ou aprĂšs le temps perdu dans un dĂ©lai maximal de 14 semaines).
Le cas particulier de la résiliation immédiate
Si les rapports de travail sont rĂ©siliĂ©s par un congĂ© immĂ©diat selon lâart. 337 CO, la doctrine dominante estime quâil existe une obligation de rĂ©trocession en cas de rĂ©siliation immĂ©diate justifiĂ©e par lâemployeur ou en cas de rĂ©siliation immĂ©diate injustifiĂ©e par le travailleur. En revanche, en cas de rĂ©siliation immĂ©diate injustifiĂ©e par lâemployeur (KGer SG JAR 1987 p. 111) et en cas dâune rĂ©siliation immĂ©diate justifiĂ©e par le travailleur, une rĂ©trocession des vacances prises en trop est exclue.
Calcul de la rĂ©duction de salaire en cas dâobligation de rĂ©trocession
Pour le calcul dâune Ă©ventuelle rĂ©duction de salaire en raison de vacances prises en trop, il faut partir du salaire mensuel ordinaire ou du salaire horaire sans tenir compte dâĂ©ventuels supplĂ©ments selon lâart. 321c al. 3 CO (OGer LU JAR 1994 165 ss.). Il faut tenir compte de rĂ©ductions de vacances dues Ă la maladie.
Marcel Marioni, chef de secteur, division Politique patronale (044 384 42 09 ou m.marioninoSpam@swissmem.ch), renseigne volontiers les membres de Swissmem.