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Bilatérales III : le règlement des différends est complexe, mais tout aussi précis qu’une montre suisse

Après un examen approfondi, Swissmem soutient le paquet d’accords des Bilatérales III : ainsi en a décidé à l’unanimité le Conseil de l’association. Il est toutefois essentiel que le marché libéral du travail soit préservé. C’est pourquoi la mesure 14 relative à la protection contre le licenciement doit être adaptée. Le règlement des différends et la reprise dynamique du droit font notamment l’objet de discussions.

Depuis près de 50 ans, aucun sujet n’agite autant notre politique que la relation avec l’Europe – notre principal partenaire Ă©conomique et partageant nos valeurs. Les nouveaux accords ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă  la mi-juin. Le peuple suisse dĂ©cidera au plus tard en 2028 de l’avenir de la voie bilatĂ©rale. Les discussions vont ĂŞtre animĂ©es. 

Swissmem soutient ces accords. La dĂ©cision du Conseil a en effet Ă©tĂ© unanime. Ainsi, la plus grande association de branche de l’industrie tech, qui emploie près de 330 000 personnes et gĂ©nère 7% du PIB, s’est clairement positionnĂ©e. 

Ce soutien est toutefois assorti d’une condition importante : la flexibilitĂ© du marchĂ© du travail doit ĂŞtre maintenue. Cela signifie que le train de mesures relatif Ă  la protection salariale nĂ©gociĂ© avec les partenaires sociaux doit ĂŞtre adoptĂ© dans son intĂ©gralitĂ© par le Parlement.

La protection salariale élargie proposée par le Conseil fédéral pour les représentants des travailleurs doit être ramenée à un niveau réaliste. Nous ne voulons pas d’un système à deux vitesses pour les collaborateurs et collaboratrices. De plus, pour des raisons de politique financière, Swissmem rejette la participation au programme d’échange d’étudiants Erasmus+.

En ce qui concerne les permis de sĂ©jour dans le cadre de la libre circulation des personnes renĂ©gociĂ©e, la Suisse a dĂ» faire des compromis, qui doivent ĂŞtre compensĂ©s de la part de la ConfĂ©dĂ©ration et des cantons par une sĂ©vĂ©ritĂ© maximale en cas d’abus en matière d’asile. Seules les personnes persĂ©cutĂ©es dans leur pays d’origine et qui s’intègrent ici doivent pouvoir rester. Les autres doivent partir. 

Les thèmes centraux sont toutefois le règlement des diffĂ©rends et la reprise dynamique du droit. Dans ce domaine, la ConfĂ©dĂ©ration a très bien nĂ©gociĂ©. Je vais maintenant revenir sur les contre-vĂ©ritĂ©s des opposants aux BilatĂ©rales III : 

  • La reprise dynamique du droit concerne au maximum six accords d’accès au marchĂ©. Tous les États concernĂ©s – y compris la Suisse (!) – ont intĂ©rĂŞt Ă  ce que les règles soient les mĂŞmes pour tous. Concrètement, cela concerne cinq accords existants (transport terrestre, transport aĂ©rien, obstacles techniques au commerce, libre circulation des personnes, biens agricoles) et, dĂ©sormais, l’accord sur l’électricitĂ©.
     
  • Nous avons nĂ©gociĂ© des exceptions pour de nombreux accords. En ce qui concerne l’interdiction de circuler la nuit et l’interdiction des 40 tonnes, la protection des salaires, le renvoi des Ă©trangers dĂ©linquants, le système tarifaire des transports publics ainsi que l’horaire cadencĂ©, nous ne devons pas participer Ă  l’évolution des prescriptions de l’UE ou de la pratique de la Cour de justice de l’Union europĂ©enne (CJUE). 
     
  • Au total, la Suisse doit reprendre 95 actes juridiques de l’UE, dont 64% concernent la sĂ©curitĂ© alimentaire. En revanche, nous ne sommes pas obligĂ©s d’adopter les prescriptions en matière de TVA, d’ESG et d’environnement. Ceux qui prĂ©tendent le contraire n’ont pas lu les accords. 

Ă€ ce propos, concernant le règlement des diffĂ©rends : la Suisse s’engage par principe Ă  reprendre les normes de l’UE dans les domaines clairement dĂ©limitĂ©s mentionnĂ©s ci-dessus. Si elle ne le fait pas, les droits et les devoirs ne seront plus Ă©quilibrĂ©s. Cet Ă©quilibre devrait alors ĂŞtre rĂ©tabli par des mesures de compensation. 

Si, en cas de diffĂ©rend, le comitĂ© mixte ne parvient pas Ă  trouver une solution, seule la Suisse ou la Commission europĂ©enne peut demander la mise en place d’un tribunal arbitral composĂ© de manière paritaire. Personne d’autre. Le tribunal arbitral – et seulement lui – peut faire appel Ă  la CJUE pour l’interprĂ©tation juridique d’une affaire dans des conditions clairement dĂ©finies. La CJUE ne peut pas agir de sa propre initiative. Pour qu’on fasse appel Ă  la CJUE, il faut que l’interprĂ©tation ou l’application d’une disposition de l’UE soit nĂ©cessaire Ă  la rĂ©solution de l’affaire et qu’elle englobe des notions juridiques de l’UE. L’interprĂ©tation de la CJUE est contraignante pour le tribunal arbitral. La CJUE ne fixe toutefois pas de mesure compensatoire : cette tâche incombe au tribunal arbitral. 

Si ce dernier conclut qu’une partie a manquĂ© Ă  ses obligations ou constate que, suite Ă  la non-adoption d’une disposition de l’UE, l’équilibre entre les droits et les obligations des deux parties n’est plus respectĂ©, l’autre partie peut prendre des mesures compensatoires. Ces dernières n’ont donc pas de caractère pĂ©nal – contrairement aux amendes infligĂ©es par la CJUE aux États membres. Elles visent Ă  rĂ©tablir l’équilibre et doivent donc ĂŞtre proportionnĂ©es. De plus, elles ne peuvent ĂŞtre prises que dans le cadre des six accords du marchĂ© intĂ©rieur. Le tribunal arbitral examine si la proportionnalitĂ© des mesures est respectĂ©e. Ce n’est qu’ensuite qu’elles entrent en vigueur. 

En conclusion : l’accord est clairement dans l’intĂ©rĂŞt de la Suisse, mĂŞme si elle a dĂ» faire des compromis. Le nouveau mĂ©canisme de règlement des diffĂ©rends nous place dans une meilleure position qu’auparavant. Au lieu de mesures arbitraires comme le retrait de l’équivalence boursière, il n’y aura plus que des mesures compensatoires proportionnĂ©es. La Suisse peut Ă©galement exiger la mĂŞme chose en cas d’inĂ©galitĂ© de traitement. Le mĂ©canisme de règlement des diffĂ©rends est complexe, mais il est aussi prĂ©cis qu’une montre suisse.

Publié le 8 juillet dans l’Aargauer Woche.


BilatĂ©rales III : DĂ©cision du conseil d'administration de Swissmem

Après un examen approfondi, Swissmem soutient le paquet d’accords des BilatĂ©rales III : ainsi en a dĂ©cidĂ© Ă  l’unanimitĂ© le Conseil de l’association. Les accords garantissent Ă  l’industrie tech suisse (industrie des machines, des Ă©quipements Ă©lectriques et des mĂ©taux, ainsi que branches technologiques apparentĂ©es), fortement orientĂ©e vers l’exportation, un accès sans entrave au marchĂ© europĂ©en – de loin le plus important avec une part d’exportation de 55% – et renforcent la sĂ©curitĂ© juridique. En outre, les BilatĂ©rales III tiennent compte de manière appropriĂ©e des intĂ©rĂŞts de la branche en matière de coopĂ©ration dans la recherche et de sĂ©curitĂ© d’approvisionnement en Ă©lectricitĂ©. Il est toutefois essentiel que le marchĂ© libĂ©ral du travail soit prĂ©servĂ©. C’est pourquoi la mesure 14 relative Ă  la protection contre le licenciement doit ĂŞtre adaptĂ©e.

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Dernière mise à jour: 07.07.2025