Les propositions du Conseil fédéral d’augmenter les taux de cotisation AVS pour les indépendants et d’introduire une obligation de verser des cotisations AVS sur les indemnités journalières en cas de maladie entraînent une augmentation des coûts salariaux indirects dans les entreprises. De même, le projet d’assujettissement à l’AVS des dividendes lorsque ceux-ci dépassent un certain seuil de rendement concerne surtout les PME et les entreprises familiales. Ces mesures pèsent unilatéralement sur les prestataires, pénalisent l’esprit d’entreprise et sapent la formation de capital dans les entreprises. Un capital qui manquera pour investir dans des emplois.
Le manque de courage aggrave les déficits de l’AVS
Avec les lignes directrices de la réforme de l’AVS 2030, le Conseil fédéral manque l’occasion de s’attaquer à des réformes structurelles urgentes et nécessaires. L’AVS va s’enfoncer dans le déficit dès 2026. En 2030, celui-ci atteindra déjà 1,9 milliard de francs.
Or il ne suffit pas d’augmenter marginalement les recettes pour remédier à ce déséquilibre financier : il faut aussi stabiliser les dépenses. En fin de compte, les lignes directrices présentées par le Conseil fédéral ne sont qu’une tactique de retardement. Elles se font unilatéralement au détriment des entreprises et méconnaissent les réalités démographiques. Ce sont les générations futures qui en paieront l’addition.
Une réforme structurelle adaptée à toutes les générations plutôt que des mesures hésitantes
Swissmem exige une véritable réforme structurelle. L’âge de référence doit notamment être relevé et dynamisé – comme cela a déjà été mis en œuvre dans certains pays européens. C’est la seule mesure qui permette de combler le futur déficit financier. De plus, le frein à l’endettement de l’AVS doit impérativement être ancré dans la loi, seul moyen de stabiliser durablement l’AVS sans imposer constamment de nouvelles charges aux prestataires.
Le Conseil fédéral a tout de même formulé dans ses lignes directrices des propositions visant à encourager la poursuite de l’activité professionnelle au-delà de l’âge de référence, et a prévu de supprimer l’âge maximal de l’AVS. Ces deux mesures sont utiles pour maintenir la main-d’œuvre qualifiée dans la vie active, mais elles ne résolvent pas le problème de financement causé par la démographie.
En conclusion : le Conseil fédéral doit revoir ses lignes directrices pour la réforme de l’AVS 2030. L’assainissement de l’AVS ne doit pas se traduire par une charge supplémentaire unilatérale pour les employeurs et la classe moyenne. Il faut avoir le courage d’apporter des corrections structurelles adaptées à toutes les générations : si elles sont impopulaires, elles ont le mérite d’être honnêtes.
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